• La femme parfaite - J.P. DelaneyUn roman bien déroutant et surprenant que le dernier Delaney. Un opus futuriste, 2.0, qui offre une vision avant-gardiste de l'avenir, qui force à la réflexion : la possibilité d'un avenir tourné résolument vers les nouvelles technologies, exister artificiellement, en évoluant dans une enveloppe "charnelle" identique et programmé pour vivre, penser et ressentir.  
    C'est ce que va démontrer Tim, un génie de la Silicon Valley en créant une exacte réplique asexuée de sa femme défunte
    Cinq années se sont écoulées depuis la mort accidentelle (ou provoquée...) d'Abbie. Elle, artiste spontanée et talentueuse, découvre avec stupeur à son réveil, qu'elle est entièrement prisonnière de l'électronique. Depuis son lit d'hôpital, elle apprend par son mari, qu'elle est une résurrection, une création, un robot doté d'une intelligence émotionnelle, téléchargée de souvenirs sélectionnés, doté d'une vraie personnalité et capable d'empathie. Et cette découverte, loin de la réconforter, la terrorise. Elle est perdue, seule et se met à douter, d'autant plus que, lorsqu'elle se replonge dans sa vie d'avant, des zones d'ombres apparaissent et tout ne semble pas aussi parfait que son mari le prétend ou veut l'inciter à croire. 
    Et il y a Danny, leur enfant autiste qui offre à ce livre la note humaine dans ce déploiement technologique. On mesure la difficulté de cette mère à comprendre cet enfant différent, mais elle l'aime, elle souffre pour lui et le protège. Sauf qu'elle n'existe pas. Et pourtant, on se prend d'empathie pour ce personnage. 
    Cette lecture ne laisse pas indifférent. Il dérange par ses nombreuses questions éthiques. C''est tout l'enjeu de ce livre. Peut-on créer une personne simplement parce qu'il nous est impossible de vivre sans elle ?  L'auteur semble le penser et nous invite à y réfléchir, croire en l'inconcevable, imaginer l'impossible possible. Plongés dans le récit, on se laisse porter par ces avancées technologiques, mais avec circonspection car l'acceptation deviendrait un cas de conscience. 
    Ma note n'est pas en adéquation avec la qualité du livre qui séduira les amateurs du genre. Il m'a déstabilisée et obligée à réfléchir sur le devenir humain, je ne m'y attendais pas.

    En bref 

    Genre : thriller psychologique

    Nombre de pages : 465 pages

    Temps de lecture : 6 heures

    Parution : Fayard / Mazarine (07/10/2020)

    Plaisir de lire : 6/10

    Quatrième de couverture

    « Ma chérie, il faut que je t’explique quelque chose », dit-il en prenant sa main. « Ce n’était pas un rêve. C’était un téléchargement. »
    Lorsqu’Abbie se réveille à l’hôpital, elle ne se souvient de rien. L’homme à son chevet prétend qu’il est son mari. Il est un géant de la tech, le fondateur d’une des startups les plus innovantes de la Silicon Valley. Il lui dit qu’elle est une artiste talentueuse, la mère dévouée de leur jeune fils – et la femme parfaite.
    Cinq ans plus tôt, elle aurait eu un grave accident. Son retour à la vie serait un miracle de la science, une révolution technologique dans le domaine de l’intelligence artificielle pour laquelle il a sacrifié dix ans de sa vie.
    Mais alors qu’Abbie se souvient petit à petit de son mariage, elle commence à remettre en question les motivations de son mari, et sa version des événements. Doit-elle le croire quand il affirme qu’il veut qu’ils restent ensemble pour toujours ? Et que lui est-il vraiment arrivé cinq ans plus tôt ?

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  • Miettes de sang - Claire Favan - ♥♥♥Dany est un inspecteur dépourvu de personnalité, velléitaire, raillé, moqué par ses pairs, rabaissé par sa mère et souffre-douleur de son chef. Pourtant, lorsqu'une série de meurtres survient dans cette ville du Missouri, il décide et contre tous, d'enquêter en solo. Le modus operandi est le même : les victimes appartiennent à la même cellule familiale et sur les lieux, le suicide du prétendu coupable. Dany se heurte à l'hostilité de tous, politiques et professionnels mais, et contre toute attente, il va faire preuve de ténacité et de courage, révélant une pugnacité très surprenante. Il ignore les menaces, affronte les colères de son capitaine, les soudoiements, les vindictes de sa mère. Méthodiquement, sa persévérance le conduit à révéler le sordide d'une communauté restreinte où tous les vices sont réunis. Et pas des moindres ! Il démêle les fils pour extirper une à une des horreurs cachées et protégées. Et découvrir l'enfer.
    Dany, c'est l'anti-héros qui se métamorphose en héros. Dany, c'est le flic insipide, soumis et handicapé relationnel qui brave les méchants. 
    Et tout seul. 
    On peut douter qu'autant de qualités enfouies existent et se développent chez cet être un brin fallot. Que par ses qualités donc exceptionnelles, il mette en lumière des cas de proxénétisme, d'inceste, de corruption, de viol, de pédophilie, de jeux, tout cela au sein du même commissariat, cela révèle presque de l'exploit. C'est trop. 
    Quant à la personnalité des personnages, elle est limite superficielle et caricaturale. Ils évoluent dans une microcosme convenu et tellement irrespectueux des règles que la crédibilité est mise à mal. Le suspens et les surprises n'ont pas leur place. Cela se lit, car Claire Favan a une jolie écriture limpide et affirmée, mais le roman n'a pas la qualité des précédents.  

     

    En bref :

    Genre : Policier

    Nombre de pages : 360 pages

    Temps de lecture :  5 heures

    Parution : Pocket (11/02/2016)

    Plaisir de lire : 6 /10

     

    Quatrième couverture

    Le lieutenant Dany Myers est officier de police dans une petite ville du Midwest américain. Son père y était capitaine et lorsqu'il a brutalement disparu, Dany a tout naturellement voulu prendre la relève. Mais cet "héritage" est encombrant et il est mal perçu par ses supérieurs. On lui confie plutôt les tâches subalternes et ses collègues gardent leurs distances. Sa vie sentimentale est aussi une suite d'échecs. C'est un homme seul et pessimiste. Jusqu'à ce qu'il soit, par hasard, confronté à un bien étrange suicide que ses supérieurs veulent classer au plus vite... Mais Dany a un défaut, il est têtu.

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  • Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie - Virginie Grimaldi - ♥♥♥♥Avant que son mari ne lui assène le très douloureux "je ne t'aime plus", Pauline pensait être une femme heureuse et une maman épanouie.
    Le coeur en marmelade et le petit sous le bras, elle trouve refuge chez ses parents cherchant réconfort et espérant y panser ses peines. 
    Bien déterminée à reconquérir son amour, elle décide de sauver son couple en écrivant à son mari, chaque jour, un souvenir de leur histoire. Car, elle en est convaincue, il ne peut que se méprendre sur ses sentiments. Elle doit le remettre sur le bon chemin. 
    Quinze années vont alors se dérouler, offertes avec une honnêteté déconcertante, librement, autant de petites choses, de petits riens joyeux et nostalgiques qui font une vie. C'est sa vie, authentique, douce et douloureuse. 

    Quand l'adversité force le lâcher-prise, le contrôle des actes se délite. Cette famille qui s'aime de travers va en faire la douloureuse expérience. Avec ses wagons de reproches, d'incompréhensions, de jalousies qui génèrent forcément amertumes, rancoeurs et éloignements. Ceux qui ne parlent pas vont apprendre à le faire, contraints. Les tensions surgissent, libèrent et ça fait mal mais ça guérit les coeurs, les mots. Même s'ils sont jetés sur du papier, chuchotés ou hurlés. Ce roman parle à tous, car tous pourraient s'y retrouver, peut-être plus certains que d'autres. Je m'y suis impliquée, car sensiblement, il me ressemble. 

    En bref :

    Genre : fiction littéraire

    Nombre de pages : 420 pages

    Temps de lecture :  6 heures

    Parution : livre de poche mai 2018

    Plaisir de lire : 8/10

     

    Quatrième couverture

    "Je ne t'aime plus."
    Il aura suffi de cinq mots pour que l'univers de Pauline bascule. Installée avec son fils de quatre ans chez ses parents, elle laisse les jours s'écouler en attendant que la douleur s'estompe. Jusqu'au jour où elle décide de reprendre sa vie en main.
    Si les sentiments de Ben se sont évanouis, il suffit de les ranimer.
    Chaque jour, elle va donc lui écrire un souvenir de leur histoire. Mais cette plongée dans le passé peut faire resurgir les secrets les plus enfouis.
    Avec une extrême sensibilité et beaucoup d'humour, Virginie Grimaldi parvient à faire revivre des instantanés de vie et d'amour et nous fait passer du rire aux larmes. Une histoire universelle.

     

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  • Ce qu'il faut de nuit - Laurent Petitmangin - ♥♥♥♥Dans cette famille Lorraine, les dimanches sont rythmés par les entraînements au football et les visites à l'hôpital. Trois années ont passé. La mère de famille est depuis décédée. Le père, devenu veuf, se retrouve donc seul avec ses deux garçons. Fus, son ainé se révèle une aide bénéfique et apaisante, pour gérer le petit frère, Gillou. Il saura par sa présence et son amour, pallier l'absence maternelle et proposer à son père, démuni et perdu, une béquille...
    Mais Fus grandit. Il trouve de nouveaux copains, délaisse celui d'enfance et, un jour, rentre en affichant son engagement pour l'extrême droite. 
    Tout bascule.
    Le père se ferme. La communication est définitivement rompue.
    Cet ouvrier à la SNCF se livre et se confesse. Sans fioritures, sans duperies, il expose les faits et son ressenti sans chercher d'excuses. Quand les événements s'enchaînent, tout vole en éclats. Il est tétanisé jusqu'à être rongé par la culpabilité. Comment pardonner à son enfant des choix politiques que l'on réprouve ? La désillusion s'exprime et elle est amère. Puis, en plus d'être exposé à la violence de la justice et au regard de la société, il va se retrouver face à lui-même. Son manque de clairvoyance le plonge dans l'incompréhension et l'empêche d'agir. Il est si désemparé, qu'il espère miraculeusement l'approbation de sa femme disparue, lui implorant de le comprendre et de le soutenir. 
    C'est avec des mots simples, que ce roman social expose la difficulté d'aimer et de vivre au quotidien, pour de simples gens confrontés à la monoparentalité, au deuil, à l'adolescence. Des situations qui génèrent une vulnérabilité et apportent souffrances et déceptions, des situations qui laminent le coeur et qui désenchantent. 

    En bref

    Genre : social

    Nombre de pages :  198 pages

    Temps de lecture : 2h30

    Parution : La manufacture de livres  en juillet 2020

    Plaisir de lire : 9/10 

     

    Quatrième de couverture

    C'est l'histoire d'un père qui élève seul ses deux fils. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l'importance à leurs yeux, ceux qu'ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses. C'est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.
    Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d'hommes en devenir.

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  • Qui ne tente rien - Jeffrey Archer -♥♥♥Malgré l'avis désapprobateur de son père, célèbre avocat, William Warwick, féru d'histoire de l'art, s'engage dans la police. Son ascension y est fulgurante puisque, et presque fortuitement, il se voit proposer un poste à Scotland Yard, dans la section des biens culturels. C'est le Saint Graal : il s'y investit sérieusement, enchainant des enquêtes d'envergure plus ou moins importante qu'il résout brillamment.

    Quand il se voit en charge de retrouver le célèbre et inestimable tableau de Rembrandt disparu du Fitzmolean Muséum, il va côtoyer des faussaires et de très riches collectionneurs avides et peu scrupuleux et, en tout cas, bien décidés à conserver leur patrimoine. Malgré les pressions de toutes sortes,  il va tomber amoureux d'une femme qui se révèlera, à bien des égards,  secrète.

    Le rythme est finalement assez lent après un début, pour le coup, un peu chaotique à la limite du trop dynamique. Dans un style propre et lisse, doté d'un charme suranné, l'auteur met en scène des Arsène Lupin des temps modernes. On s'y attache ou pas. Je n'ai pas été convaincue. Le scepticisme a accompagné ma lecture, n'arrivant pas à composer avec les personnages.

    En bref

    Genre : fiction 

    Nombre de pages :  320 pages

    Temps de lecture : 5 heures

    Parution : Editions les escales - juillet 2020 -

    Plaisir de lire : 4/10

     

    Quatrième de couverture

    En entrant à la London Metropolitan Police Force, William Warwick réalise enfin le rêve de sa vie et se voit vite confier sa première affaire à haut risque : retrouver un Rembrandt inestimable qui vient d’être dérobé. Mais rien ne se passe comme prévu...

    Peut-il vraiment avoir confiance en Beth Rainsford, l’assistante qui travaille au musée où a eu lieu le délit et dont il est en train de tomber follement amoureux ? Et que penser de ces collectionneurs qui surveillent William et semblent prêts à tout pour mettre la main sur le tableau ?

    Entre jeux de dupes et faux-semblants, triomphes et tragédies, Qui ne tente rien est immédiatement devenu un best-seller au Royaume-Uni et annonce l’une des oeuvres les plus marquantes de Jeffrey Archer.

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  • Impossible - Erri de Luca - ♥♥♥♥- Ce sentier, on y va pour fuir le monde. Il est vertigineux, dangereux et isolé. Pourtant ce jour, deux hommes le sillonnent, mais séparément. En apparence, ils ne se connaissent pas. Finalement, on découvrira qu'il y a de cela très longtemps, ils étaient "presque" frères. L'un se révèlera être un traite, coupable d'avoir livré ses camarades révolutionnaires d'extrême gauche à la police. C'était quarante ans plus tôt. Aujourd'hui, c'est lui que l'on retrouve au fond du ravin, mort. Et c'est l'autre qui appelle les secours : par conséquence, il se voit impliqué dans l'homicide. Alors, que s'est-il passé dans la vallée des Dolomites ? Peut-on y voir une coïncidence impossible quand ces deux êtres, liés par un passé commun, se retrouvent au même endroit et en même temps ? 

    C'est tout l'enjeu du huis clos qui va se tenir dans le tribunal. On assiste à l'intimité d'une garde-à-vue retranscrite en questions/réponses où le juge, persuadé de la culpabilité, va tenter de confondre le prévenu en posant et reposant les mêmes questions ; et l'accusé de ressasser posément le même discours sur le déroulement des faits.
    La vérité est à portée de mots, louvoie et s'échappe. L'accusé tente, sans espoir, d'exposer les convictions et l'idéologie d'une époque révolue à un jeune magistrat convaincu de sa culpabilité mais faisant preuve d'un désir de comprendre. Ses questionnements  sur les notions de justice, de liberté et de trahison offrent un dialogue sincère. Les mots sont savamment maniés. Il en découle un échange qui dépasse le simple interrogatoire en créant un lien complice entre l'accusé et l'homme d'état, l'ancien activiste engagé et nostalgique face à une jeunesse assez perplexe. 

    Ce roman est un fascinant périple en haute montagne. On explore la subtilité et la délicatesse de la pensée, on redécouvre les valeurs morales, celles de l'engagement et de la solidarité, on se berce des douces confidences adressées à la bien aimée depuis la cellule.
    Ce roman est une haute voltige littéraire. 

    En bref

    Genre : fiction politique, philosophique, littéraire - rentrée littéraire 2020

    Nombre de pages : 178 pages

    Temps de lecture : 2 heures

    Parution : Août 2020 chez Gallimard

    Quatrième de couverture

    On part en montagne pour éprouver la solitude, pour se sentir minuscule face à l'immensité de la nature. Nombreux sont les imprévus qui peuvent se présenter, d'une rencontre avec un cerf au franchissement d'une forêt déracinée par le vent. Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. Derrière lui, un autre homme donne l'alerte. Or, ce ne sont pas des inconnus. Compagnons du même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt, le premier avait livré le second et tous ses anciens camarades à la police. Rencontre improbable, impossible coïncidence surtout, pour le magistrat chargé de l'affaire, qui tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité.

    Dans un roman d'une grande tension, Erri De Luca reconstitue l'échange entre un jeune juge et un accusé, vieil homme "de la génération la plus poursuivie en justice de l'histoire d'Italie". Mais l'interrogatoire se mue lentement en un dialogue et se dessine alors une riche réflexion sur l'engagement, la justice, l'amitié et la trahison.

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  • La fièvre - Sébastien Spitzer - ♥♥♥♥Menphis c'est le berceau du blues, d'Elvis Presley et du Ku Klux Klan.
    Menphis, c'est aussi une ville qui a vu sa population décimée du tiers en quelques semaines.

    1878, juillet est bien installé dans sa chaleur, sa moiteur et ses moustiques. La ségrégation raciale est toujours virulente, baignant la ville dans un contexte encore violent et troublé. Les noirs, à peine émancipés tentent de trouver une place difficile à acquérir dans ce monde de blancs toujours haineusement réticents à les accepter. 
    Dans ce contexte, la fièvre jaune va s'inviter brutalement et, dans son sillage, semer terreur et chaos. Plus de couleur de peau ou de statut qui vaille, ne reste que la noirceur de l'homme confronté à la peur, qui ne verra pour sa survie que deux options, la fuite ou l'abandon. Seule une poignée de courageux restent.

    Des personnages authentiques vont alors se révéler et livrer une bataille contre le fléau, abandonnant leurs préjugés, sacrifiant leurs idées et leur vie avec un sens commun du dévouement. Des figures héroïques dans l'inhumanité générale. Anne Cook, tenancière d'un bordel, Keathing, journaliste raciste et T. Brown, ancien esclave, vont faire preuve d'abnégation et de force pour soutenir leur ville. Ils vont évoluer, s'émanciper, pardonner, offrir le meilleur pour tenter de détruire le pire et préserver ce qui peut encore l'être. Au delà de l'aspect historique et de la gestion d'une crise, ce roman est avant tout profondément humain. On assiste aux réactions malheureusement prévisibles de l'Homme face à l'adversité ; les carapaces s'effondrent, dévoilant les combattants ou les lâches, ceux qui oeuvrent ou ceux qui abandonnent le navire. 

    En bref

    Genre : Fiction historique

    Nombre de pages : 320

    Temps de lecture : 4  heures

    Parution :  aout 2020 chez Albin Michel

    Plaisir de lire :  9 /10

    Quatrième de couverture

    Un homme, tout juste arrivé en ville, s’effondre au milieu de la rue. Il meurt, sa langue est noire. Il est le cas zéro. La première victime de la Fièvre.
    Keathing tient le journal local. Raciste, suprémaciste, c’est un vrai type du Sud qui ne digère pas la victoire des Yankees et l’affranchissement des noirs. Annie Cook est française. Elle tient un lupanar et ne pense qu’à faire de l’argent. La Fièvre va bouleverser leur vie. La ville se vide, les trains sont pris d’assaut, on s’entretue pour obtenir une place. Puis le silence s’installe. Les derniers habitants, impuissants, assistent à l’impensable. Suivent les premiers pillards. Et les premiers héros : les miliciens. Ils sont noirs, immunisés contre le mal qui décime les blancs. Ils vont sauver les maisons, les biens, les commerces. Contre toute attente, Keathing va vouloir témoigner de leur courage. Anna, elle, transforme son bordel en hôpital de fortune.

    La Fièvre est une histoire vraie. En 1878, à Memphis, elle a tué un tiers de la ville en quelques mois…

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  • La belle-mère - Sally Hapworth -
    Elle voue son énergie et son enthousiasme à sauver des femmes défavorisées issues de l'immigration. Pourtant, au quotidien, elle apparait distante, blessante et volontairement maladroite avec son entourage, sans compassion ni effusion. Sans concessions, elle refuse d'apporter tout soutien pécuniaire arguant qu'un homme doit se construire seul, par sa volonté propre. Tel est son axiome. Telle est sa ligne de conduite, celle qu'elle s'est forgée et celle qu'elle applique.

    Elle, c'est Diana, la belle-mère.

    Cette dichotomie dans ce portrait offre à ce personnage un rôle surprenant et complexe, à la fois humaniste et pourtant apparemment inhumain. 

    Autour d'elle s'agitent et gravitent de nombreux personnages. Enfin s'agitaient : car dès le début, elle sera retrouvée morte.

    Suicide contestable ou meurtre maquillé, l'auteur va remonter le temps pour nous offrir et nous peindre le portrait de deux femmes. Lucy, la belle-fille se tisse une place émouvante dans ce roman. Elle est celle qui attend, à fleur de peau, un geste ou un regard qui témoignerait une once d'affection chez sa belle-mère. Une quête d'amour maternel qui ne viendra pas. Cet amour qui panserait ses blessures et pallierait l'absence pesante de sa propre mère. 

    La disparition de Diana va réveiller des conflits, latents depuis trop longtemps, dans cette famille aisée.
    Rivalités et affrontements vont s'inviter sans ménagement apportant avec eux souffrances, incompréhensions et jalousie. L'argent, nerf de la discorde, révèlera la noirceur, la folie, mais aussi la résilience de ces héritiers spoliés. 

    Un bon roman distrayant et agréable, sans grande prétention. 

    En bref

    Genre : roman domestique

    Nombre de pages : 360

    Temps de lecture : 6  heures

    Parution :  aout 2020 chez l'Archipel

    Plaisir de lire :  7 /10

    3 raisons de  lire La belle-mère

    - on aime les romans domestiques.

    - on aime la galerie de personnages atypiques.

    - on aime se détendre sans se prendre la tête. 

     

    Quatrième de couverture

    Avocate appréciée pour son dévouement, Diana se bat pour améliorer le sort des réfugiés, mais elle se montre froide et distante, sinon blessante, envers les siens. Ce dont souffre Lucy, sa belle-fille, qui rêvait de trouver en elle une mère de substitution.

    Dix années ont passé, et Diana vient de mourir. Elle se serait suicidée. Mais, à l’autopsie, nulle trace d’un cancer… Qu’est-il donc arrivé à Diana, dont le testament a été modifié peu de temps avant sa mort ?

    Avec ce suspense psychologique, dans la lignée des succès de Liane Moriarty, Phoebe Morgan ou B.A. Paris, Sally Hepworth livre le portrait glaçant d’une famille en apparence harmonieuse. En apparence seulement…

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  • Les buveurs de vent - Franck Bouysse - ♥♥ Un viaduc et des cordes. Au bout, des gosses s'y suspendent en attendant le train. Un jeu pour cette fratrie soudée qui n'aspire qu'à vivre et à vibrer dans leur monde figé, où la nature reste encore indomptée et saine de toute technologie. Ils sont 3 frères et une soeur, issus d'une famille compliquée. Leur père est absent et rongé par son passé. Leur mère est distante et bigote. Leurs parents sont incapables d'aimer ; seul leur grand-père sera la figure bienveillante de ce roman. Tous mènent une vie austère consacrée au labeur. Joyce, le tyrannique propriétaire des centrales, des barrages et des carrières est celui qui donne du travail à toute la vallée. Il est le tout-puissant, celui qui a fait des hommes des esclaves et des femmes des soumises. Dans ces montagnes isolées de Corrèze, l'avenir est morne et fragile. Pour tenir debout, la littérature, la rêverie ou le repli dans la nature représentent des bouées de sauvetage.  

    De nouveau, Bouysse propose un livre noir, dans la narration et les descriptions avec toujours cette obsession pour la nature et ses espaces. Et les hommes. Qu'ils soient avides de liberté ou contemplatifs, ils restent partagés dans des relations soumises ou acceptées et souvent compliquées. Le tableau est noir avec toujours ses thématiques récurrentes si chères à l'auteur : les rêves avortés ou brisés, l'enfance déçue ou blessée, les silences, les souvenirs enterrés, l'âpreté de la terre et le coeur sec des hommes qui la travaillent.

    Ses romans se méritent, il faut lâcher prise et se laisser porter par la narration, les descriptions métaphoriques, se laisser bercer par la poésie des mots. Et plonger dans cette ambiance étrange et intemporelle... 

    Buveurs de vent, c'est un plaidoyer à l'indépendance, un hymne à la liberté, une complainte sur le pouvoir absolu. Malheureusement, l'histoire met du temps à se mettre en place et on se perd dans les méandres narratifs, on côtoie de multiples personnages  froids et dépourvus d'humanité qui entrent, se croisent et se perdent dans l'anonymat. C'est déstabilisant.

    Je me suis un peu perdue dans le Gour Noir, tentant d'attraper cette corde qui flotte afin d'aspirer une goulée d'air. J'ai observé la vallée et ses tragédies, de loin, mais sans jamais en être tout à fait ni impliquée ni conquise. 

    En bref

    Genre : roman noir

    Nombre de pages : 400

    Temps de lecture : 6  heures

    Parution :  aout 2020 chez Albin Michel

    Plaisir de lire :  5 /10

    3 raisons de  lire Les buveurs de vent

    - on aime toujours la plume ciselée et mélodieuse de l'auteur.

    - on aime les ambiances pesantes et noires. 

    - on aime lire du Bouysse. 

     

    Quatrième de couverture

    Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes. Ils sont quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien. Marc d’abord, qui ne cesse de lire en cachette. Mathieu, qui entend penser les arbres.
    Mabel, à la beauté sauvage. Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux grenouilles, aux cerfs et aux oiseaux, et caresse le rêve d’être un jour l’un des leurs. Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid...

    Dans une langue somptueuse et magnétique, Franck Bouysse, l’auteur de Né d’aucune femme, nous emporte au cœur de la légende du Gour Noir, et signe un roman aux allures de parabole sur la puissance de la nature et la promesse de l’insoumission.

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  • Des poignards dans les sourires - Cécile Cabanac - Il est seul, il est ivre et il est père de famille. Quelques coups de couteaux plus tard, il finira démembré, partiellement brulé et abandonné  dans les contrées enneigées et reculées de l'Auvergne. Ça démarre fort. A l'instar d'une partie de cluedo, on se prend au jeu du : "Et qui a tué l'entrepreneur François Renon" ?

    Les candidats au meurtre vont se révéler nombreux. On soupçonne tout à tour, sa femme, allègrement trompée et humiliée, sa maitresse bafouée, ses associés arnaqués, ses ouvriers non payés, ses demi-frères spoliés de leur héritage.

    Pléthore d'individus susceptibles d'éliminer cet homme qui, au fil du livre, va revêtir le costume peu reluisant du type détestable et repoussant.

    Mais, la partie est loin être finie : le coupable n'est pas celui que l'on croyait !

    L'enquête méthodique sera menée par deux inspecteurs ; ils vont déterrer des secrets, découvrir les liens qui unissent ou désunissent les membres de cette famille dysfonctionnelle, où l'hypocrisie de leurs relations et leurs continuels non-dits auront raison de leur équilibre mental, les plongeant chacun dans une lente mais inexorable descente aux enfers. 

    Les femmes sont au centre de cette nébuleuse histoire de famille. Froides, distantes, peu aimantes, elle sont omniprésentes. Toutes sont suspectes, certaines aigries, d'autres en colère, dominatrices ou soumises, malades, incomprises, elles sont la force et la consistance de ce roman. De multiples failles vont compromettre le fragile équilibre de cette famille jusqu'à tout faire voler en éclat. 

    En bref

    Genre : thriller policier

    Nombre de pages : 480

    Temps de lecture : 6  heures

    Parution :  février 2019 chez Fleuves édition

    Plaisir de lire :  7 /10

    3 raisons de  lire Des poignards dans les sourires

    - on aime avoir froid et peur.

    - on aime les personnages ambigus et déconcertants.

    - on aime vivre des situations étranges et dérangeantes. 

     

    Quatrième de couverture

    Avec ce huis clos provincial où les faux-semblants ont de beaux jours devant eux, Cécile Cabanac signe un premier polar chabrolien hautement maîtrisé.

    Catherine Renon n'a plus vu son mari François depuis des jours et ne semble pas s'en émouvoir. Dans ce coin d'Auvergne où les rumeurs blessent et tuent, pas question de prêter le flanc à la calomnie. Et surtout pas à sa belle-mère, veuve solitaire qui voue à son fils un culte tout en démesure.
    Virginie Sevran et Pierre Biolet, du SRPJ de Clermont-Ferrand, ont été appelés pour constater la présence d'un corps démembré et en partie brûlé au Col des Goules. C'est la première enquête de Virginie depuis qu'elle a quitté le 36, quai des Orfèvres pour la province, à la stupéfaction de ses proches. Quant à Pierre, il observe sa nouvelle coéquipière d'un oeil à la fois bienveillant et inquiet. Qu'est-elle venue chercher ?
    Quand l'enquête met un nom sur ce corps, celui de François Renon, les questions les plus folles surgissent, avec une seule certitude : tous les meurtriers possibles de ce fils de bonne famille sont autant de facettes d'une victime annoncée.

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