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Les buveurs de vent - Franck Bouysse - ♥♥♥
Un viaduc et des cordes. Au bout, des gosses s'y suspendent en attendant le train. Un jeu pour cette fratrie soudée qui n'aspire qu'à vivre et à vibrer dans leur monde figé, où la nature reste encore indomptée et saine de toute technologie. Ils sont 3 frères et une soeur, issus d'une famille compliquée. Leur père est absent et rongé par son passé. Leur mère est distante et bigote. Leurs parents sont incapables d'aimer ; seul leur grand-père sera la figure bienveillante de ce roman. Tous mènent une vie austère consacrée au labeur. Joyce, le tyrannique propriétaire des centrales, des barrages et des carrières est celui qui donne du travail à toute la vallée. Il est le tout-puissant, celui qui a fait des hommes des esclaves et des femmes des soumises. Dans ces montagnes isolées de Corrèze, l'avenir est morne et fragile. Pour tenir debout, la littérature, la rêverie ou le repli dans la nature représentent des bouées de sauvetage.
De nouveau, Bouysse propose un livre noir, dans la narration et les descriptions avec toujours cette obsession pour la nature et ses espaces. Et les hommes. Qu'ils soient avides de liberté ou contemplatifs, ils restent partagés dans des relations soumises ou acceptées et souvent compliquées. Le tableau est noir avec toujours ses thématiques récurrentes si chères à l'auteur : les rêves avortés ou brisés, l'enfance déçue ou blessée, les silences, les souvenirs enterrés, l'âpreté de la terre et le coeur sec des hommes qui la travaillent.
Ses romans se méritent, il faut lâcher prise et se laisser porter par la narration, les descriptions métaphoriques, se laisser bercer par la poésie des mots. Et plonger dans cette ambiance étrange et intemporelle...
Buveurs de vent, c'est un plaidoyer à l'indépendance, un hymne à la liberté, une complainte sur le pouvoir absolu. Malheureusement, l'histoire met du temps à se mettre en place et on se perd dans les méandres narratifs, on côtoie de multiples personnages froids et dépourvus d'humanité qui entrent, se croisent et se perdent dans l'anonymat. C'est déstabilisant.
Je me suis un peu perdue dans le Gour Noir, tentant d'attraper cette corde qui flotte afin d'aspirer une goulée d'air. J'ai observé la vallée et ses tragédies, de loin, mais sans jamais en être tout à fait ni impliquée ni conquise.
En bref
Genre : roman noir
Nombre de pages : 400
Temps de lecture : 6 heures
Parution : aout 2020 chez Albin Michel
Plaisir de lire : 5 /10
3 raisons de lire Les buveurs de vent
- on aime toujours la plume ciselée et mélodieuse de l'auteur.
- on aime les ambiances pesantes et noires.
- on aime lire du Bouysse.
Quatrième de couverture
Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes. Ils sont quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien. Marc d’abord, qui ne cesse de lire en cachette. Mathieu, qui entend penser les arbres.
Mabel, à la beauté sauvage. Et Luc, l’enfant tragique, qui sait parler aux grenouilles, aux cerfs et aux oiseaux, et caresse le rêve d’être un jour l’un des leurs. Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid...
Dans une langue somptueuse et magnétique, Franck Bouysse, l’auteur de Né d’aucune femme, nous emporte au cœur de la légende du Gour Noir, et signe un roman aux allures de parabole sur la puissance de la nature et la promesse de l’insoumission.
Tags : rentrée littéraire, littérature française, famille, roman noir, Bouysse, 3 étoiles
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