Imaginez trouver, dans votre boite aux lettres, un colis renfermant un livre et un texte vous étant personnellement adressé. Il vous propose une sorte de jeu où il suffirait juste de fermer les yeux et de penser à un prénom féminin... "Delphine" est celui qui pourrait  spontanément vous venir. Puis la lettre vous inviterait à ouvrir le livre à une page et un vers précis des Fleurs du Mal : le prénom choisi apparait. Le tour de mentalisme est réussi. Surprenant, non ? La lettre vous inviterait alors à vous rendre à une adresse dans le Marais pour récupérer une autre enveloppe. Là, le jeu prend fin car la photo d'une femme morte torturée vous attend.
C'est ce qui va arriver à Philippe et c'est ainsi que, fonçant terrorisé au 36 quai des Orfèvres, il tombe sur Sharko.
Mais le jeune. Pas celui, torturé et cassé, que nous connaissons. Quelle remontée dans le temps ! Une sacrée cure de jouvence qu'il s'est offerte Sharko ! Nous sommes en 1991 ; il a tout juste 30 ans et débute sa carrière dans ce lieu mythique.
Thilliez et Sharko sont indissociables. Il est le personnage central d'une série de romans, celui que nous connaissons bien et que nous avons vu évoluer. Mais que personne finalement ne connait car, dès le début, lorsqu'on le découvre, il a déjà pas mal bourlingué sa carcasse, et de son passé, on ne sait en fait rien. Ce roman le présente. Quel plaisir de découvrir notre encore fringant policier, un peu naïf, pas encore intégré, "le bleu" du service, celui qui doit faire ses preuves. Il ne sait bien sûr encore rien de sa vie mais nous, lecteurs, nous la connaissons. Voilà l'intérêt et l'enjeu de ce roman. 
En 1991, la technologie arrive tout juste, la police n'a pas recours aux fichiers informatiques, les ordinateurs sont encore dans des cartons encombrant les couloirs et la police scientifique n'existe pas encore. Par conséquent, les méthodes policières sont plus instinctives, artisanales moins réglementées. On est loin de la frénésie de notre époque contemporaine. On prend le temps nécessaire pour mener l'enquête : on attend le fax, on ouvre un calepin pour chercher un numéro et on cherche une cabane téléphonique pour appeler les renforts. Cela insuffle au roman un certaine lenteur loin d'être désagréable, limite plaisante et nostalgique du temps d'avant. Mais une lenteur maitrisée, dynamique, et paradoxalement rythmée. 
1991, c'est bien sur, comme tous les Thilliez, une histoire complexe mêlant deux enquêtes, celle du présent avec rites ésotériques et une plus ancienne, irrésolue, concernant des disparues. Cela permet de jongler entre des chapitres courts et toujours accrocheurs, offrant actions et révélations. 
Mais 1991, c'est aussi des violences sexuelles, des tortures, des perversions et quelques morts violentes. Il ne plaira pas à tous les publics. 
C'est du bon thilliez, un dernier roman qui aurait pu être aussi un premier. 

En bref 

Genre : Thriller

Nombre de pages : 504 pages

Temps de lecture : 10 heures

Parution : Fleuve édition - Mai 2021

Plaisir de lire :   8 / 10 

Quatrième de couverture

La première enquête de Franck Sharko !

En décembre 1991, quand Franck Sharko, tout juste sorti de l'école des inspecteurs, débarque au 36 quai des Orfèvres, on le conduit aux archives où il est chargé de reprendre l'affaire des Disparues du Sud parisien. L'état des lieux est simple : entre 1986 et 1989, trois femmes ont été enlevées, puis retrouvées dans des champs, violées et frappées de multiples coups de couteau. Depuis, malgré des centaines de convocations, de nuits blanches, de procès-verbaux, le prédateur court toujours.
Sharko consacre tout son temps à ce dossier, jusqu'à ce soir où un homme paniqué frappe à la porte du 36. Il vient d'entrer en possession d'une photo figurant une femme couchée dans un lit, les mains attachées aux montants, la tête enfoncée dans un sac. Une photo derrière laquelle a été notée une adresse, et qui va entraîner le jeune inspecteur dans une enquête qui dépassera tout ce qu'il a pu imaginer...